Le savoir et le croire
Mercredi 20 avril 2011
www.rencontres-enseignement-culture.com
Prises de note de Hélène Mulot
Avec le siècle des Lumières, la raison a prétendu prendre le pas sur la passion dans un irrépressible mouvement d’émancipation. Face aux obscurantismes et aux croyances, le savoir objectif et critique s’est imposé comme une des principales conditions du progrès humain. Héritière des valeurs de liberté et de laïcité qui se sont forgées dans ce long combat, l’école d’aujourd’hui est le lieu emblématique de ce savoir qui se construit sans cesse. Elle a pour mission de fournir les outils permettant à chacun de construire ses propres connaissances. Doit-elle pour autant donner accès à l’ensemble des idées et points de vue contradictoires pour que chacun se fasse son opinion ? Y a-t-il un enjeu à le faire ? Un danger ? Est-il même possible de penser un savoir totalement dégagé de toute croyance ? Intervenants :
Jacques ARNOULD Dominique BORNE Patrick CABANEL Sylvie VAUCLAIR
Modérateur :
Qu’est ce qui définit, rapproche, oppose le savoir et le croire ? Leur place au sein de l’école ?
P. Ganz : L’Homme a besoin de comprendre le monde. Certaines réponses se trouvent dans les croyances, d’autres dans la connaissance
Quel est le statut du savoir et du croire ?
S Vauclair. Réflexion sur le sens de la recherche, le sens de l’existence, Dés le départ les connaissances sont partielles, on n’est sur de rien, A chaque fois le chercheur doit comprendre, Il y a une partie d’intuition, de rêve, des idées hors normes, ce n’est pas de la croyance. Une fois qu’on a les idées, il faut les tester (c’est al logique)
la croyance ce n’est pas le savoir. La demande de savoir ouvre de nouvelles questions.
Le croire c’est au contraire une fermeture car il y a une vérité révélée « je comprends pas mais j’y crois » « je crois savoir »
Difficile frontière entre celui qui sait et celui qui croit
L’histoire depuis les peintures rupestres : quel lien avec le savoir et le croire ?
D Borne : la croyance ce n’est pas forcément la religion, Parfois l’histoire commence à Clovis (son baptême) parfois à Vercingétorix,
La démarche de l’historien est la même que celle des scientifiques, La science n’a jamais de certitudes, On cherche à approcher al vérité
la croyance c’est aussi l’idéologie donc ce n’est pas le religieux
Alors que la science se remet en question, une croyance peut elle devenir connaissance ?
J Arnould : la science et la religion essaie de représenter la réalité. Sur quoi repose cette représentation ? Sur des conceptions religieuses ou sur ce que je sais ?
Croire : c’est une attitude humaine qui n’entraine pas la fermeture, la croyance peut être un dogmatisme, une représentation du monde à laquelle on s’attache
par contre des attitudes de croyants peuvent relevées de la fermeture.
Est ce que l’histoire enseignée peut être représentée comme une vérité ?
P Cabanel. Ce n’est pas LA vérité, c’est une hypothèse
Par contre pas d’annonce du doute dans une classe de collège !
Le savoir peut il unifier ?
P Cabanel : L’utopie d’un singulier qui unifie l’histoire, mémoire et science, les croyances, elles séparent
S Vauclair. Unification par le savoir puisque partout dans le monde on se comprend. Notion de respect
La place de la religion à l’école. Comment l’école doit présenter la religion : objet culturel ou historique ?
D Borne : en France, particularité on a choisit que les faits religieux ne seraient pas un enseignement spécifique contrairement aux autres pays européens
naturellement c’est un sujet transversal, On enseigne pas le dogme. On enseigne les dimensions religieuses de l’histoire, des sciences… On l’aborde en tant qu’objet
Dans les classes on n’isole pas les faits religieux. Par exemple l’élection d’un pape polonais est aussi un fait politique
Ce n’est jamais le religieux pur. C’est toujours le religieux dans une histoire. L’école lutte contre le fondamentalisme
Actuellement dans les programmes on réduit l’islam à ses fondements en classe de 5e. Pareil pour le judaïsme réduit à la Shoah, C’est scandaleux au primaire, au collège et encore au lycée le judaïsme n’est abordé que sous l’angle de la Shoah
J Arnould : Dans la culture le religieux n’est qu’un élément
A quel moment prend on conscience des questions dur religieux dans la classe ?
P Cabanel : Lors de la 3e rép 1882 Loi ferry, A ce moment là Dieu est exclu de l’ecole.
Pour être Laïc « mon dieu » est « traduit pas « oh!! » (dans le manuel le tour de France par deux enfants)
Quinet = père de la La¨cité 1850. l’instituteur dit des choses universelles contrairement aux prêtres.
Volonté de séparation, repose sur quelle valeur ?
P Cabanel : La la¨cité n’est pas un concept français. C’est al séparation entre ce qui est de l’universel (un hôpital, un service public) et ce qui ne l’est pas
J Arnould : en France le catéchisme utilise aussi al voie de l’histoire (histoire de la Genèse,,,,)
Comment l’enseignant doit réagir face à un élève qui arrive avec ses croyances ?
J Arnold : si on parle de jésus à l’école, il y a l’histoire (des faits vérifiables), il y a du merveilleux/ de l’imaginaire (la créche, l’âne…) et de la croyance (Jésus est le fils de Dieu)
Toi élève tu as le droit de croire, moi enseignant je n’en sais rien
Autre ex en Islam, le Coran élaboré sur un siècle, pour le musulman il a été révélé
Il faut faire la différence entre le savoir et le croire (cf l’Imam de Bordeaux qui différencie croyant et historien :« je crois que le croyant a été révélé mais je sais qu’il a été élaboré »)
S Vauclair : un étudiant juif ne veut pas passer ses examens le samedi, Il a arrête ses études, il apparaît difficile de jongler entre 2 vérités différentes
D Borne : on ne peut pas que vivre dans une vérité scientifique
Par exemple en amour, on ne dit pas je sais qu’il m’aime mais je crois qu’il m’aime
Il y a différents ordres de vérité (cf Pascal)
Faut il croire le professeur ?
D Borne : Le maître est celui qui explique comment on approche de la vérité. Le maitre apprend aux élèves à penser par lui-même