Article rédigé par M.Almayrac et S.Geoffroy et publié sur le site académique Doc’Toulouse le 30/11/2015
Qu’est-ce que le dispositif twictée ?
La twictée, contraction de Twitter et dictée, est un dispositif créé par Fabien Hobart (conseiller pédagogique en Adaptation Scolaire et Scolarisation des élèves Handicapés (A.S.H)) et Régis Forgione (professeur des écoles en Moselle) en 2012. Son objectif est de pratiquer la dictée collaborative (entre plusieurs classes d’établissements scolaires partout en France et dans les pays francophones) et négociée (les élèves dans leur classe recherchent ensemble les erreurs et les pistes pour les éviter). Pour communiquer entre les différents partenaires, des outils numériques sont utilisés : le réseau social Twitter et le partage de fichiers via Google Drive, Evernote ou Onenote.
Comment cela fonctionne concrètement ?
Un épisode de twictée compte 4 étapes distinctes :
Phase 1 : Rédaction des twictées (phase individuelle et négociée)
Les professeurs dictent la phrase de la twictée aux élèves qui se relisent et essaient de procéder à une première correction individuelle. Puis, par groupe restreint, ils confrontent leurs dictées, essaient de repérer des erreurs. Ils formulent ensuite la phrase twictée négociée qui sera envoyée à la correction à notre classe partenaire appelée classe miroir, via Google Drive, Evernote ou Onenote.
Phase 2 : Création et envoi des #twoutils
La deuxième étape consiste à corriger les twictées de notre deuxième classe partenaire appelée classe scribe. Pour se faire, nous allons créer des twoutils.
Les twoutils sont des phrases de 140 caractères énonçant des règles orthographiques par catégorie (grammaticale, lexicale, ponctuation, étourderie…) à l’aide de balises et visant à corriger une erreur, ou mieux à ne pas la reproduire.
C’est le coeur du dispositif. Les élèves doivent alors être créatifs, imaginatifs et synthétiques à la fois puisque ce sont eux les producteurs de twoutils. Tout ceci dans le respect de règles précises et évolutives comme le précise le twoutil canonique et le dicobalise. Le twoutil est ensuite envoyé par les élèves à la classe partenaire via le réseau social Twitter pendant la séance pédagogique en utilisant le compte classe créé par les enseignants.
Phase 3 : Correction des twictées grâce aux twoutils envoyés par notre classe miroir
Les élèves corrigent les erreurs commises dans les twictées grâce aux twoutils rédigés par la classe partenaire.
Phase 4 : Evaluation et twictée transfert
Les élèves renseignent une fiche d’évaluation construite à partir des balises créées dans les twoutils. Ces balises permettent de catégoriser les erreurs des élèves et de mieux les appréhender par la suite. Pour terminer, une twictée transfert reprenant les mêmes points orthographiques que la première twictée est réalisée. Cela permet aux élèves de mesurer leur progrès.
Quel rôle a le professeur documentaliste dans ce dispositif ?
1. Une occasion de travailler concrètement sur l’utilisation d’un réseau social : Twitter
Les twictées permettent d’aborder la notion de réseau social, par l’intermédiaire de l’utilisation concrète de Twitter en séance pédagogique. Selon les niveaux de classe, les élèves connaissent plus ou moins son existence. Certains suivent les péripéties de leurs stars préférées (vedettes de la chanson, du cinéma ou sportifs de haut niveau). D’autres ont entendu parler de ce réseau social autour d’eux. Ils ne soupçonnent pas la plupart du temps l’utilisation pédagogique que l’on peut en faire. Il y a donc un effet de surprise non négligeable au départ qui suscite un intérêt de leur part. Passé ce moment de surprise, il est nécessaire pour participer aux twictées, de mieux connaître :
les caractéristiques de ce réseau social : origine, définition, intérêt, terminologie
son fonctionnement notamment dans les échanges avec les “amis” : comprendre comment on s’adresse à nos followers, utilisation des codes twitter tels que @ ou cc
le langage commun utilisé pour les twictées : dicobalise, hashtag #, twictonaute…
2. Un moyen de faire réfléchir les élèves à leur manière d’être sur le web et notamment lors du partage et de la publication d’informations sur les réseaux sociaux
Utiliser Twitter lors d’une séance twictée, c’est donc aussi communiquer sur un réseau social avec d’autres internautes, c’est publier un contenu lisible par tous les utilisateurs de Twitter. Ce qui suppose de réfléchir à la question de ce que l’on publie sur le web et des traces que nous allons laisser par cette diffusion d’information.
La twictee offre donc la possibilité de construire collectivement avec la classe une charte d’utilisation d’un réseau social tel que Twitter et a pour objectif de mettre en place des “règles” afin de créer une identité numérique -de la classe ici- consciente, réfléchie et responsable. Une “charte twictée” officielle existe déjà et doit donc servir d’appui à la réalisation d’une charte de classe. Celle-ci prend tout son sens lorsqu’elle est écrite lors d’une discussion collective avec les élèves laissant place à leurs questionnements, remarques et points de vue à ce sujet.
3. Du côté de l’enseignant, un réseau professionnel qui permet de s’insérer dans un dispositif où les mots collaboration et coopération prennent tout leur sens.
De 3 classes il y a 3 ans, la twictée est passée à plus de 240 classes aujourd’hui. Un tel phénomène nécessite la mise en place d’un travail collaboratif actif et efficace. Le fonctionnement choisi est donc celui d’équipe (team). En collège, nos classes font partie de la “team C3” pour le niveau 6° et la « team C4 » pour les 3° qui comptent respectivement une centaine et une vingtaine de classes. Les professeurs travaillent ensemble à la création de la phrase twictée via les outils collaboratifs du web cités plus haut. Nous testons, nous expérimentons, nous partageons et nous participons activement à rendre ce dispositif vivant. Un fablab en ligne a vu le jour et permet d’avoir un espace de dépôt d’outils et ressources mutualisés où chacun dépose ses fiches élèves, ses affiches de classes, ses grilles d’évaluation, ses scénarios pédagogiques… bref ses idées afin de partager, diffuser et enrichir collectivement des documents de travail. Ainsi de nouvelles idées émergent comme la création de twoutils prédictifs qui permettent aux élèves de signaler des erreurs possibles à leurs partenaires, des visuotwoutils qui consistent à écrire des twoutils sous la forme d’un dessin ou d’un schéma… C’est l’occasion de travailler aussi en interdisciplinarité avec des enseignants de français, des professeurs des écoles francophones. Cette aventure est donc une source d’enrichissement professionnel non négligeable.
La twictée est un dispositif pédagogique riche d’apprentissages pour nos élèves que ce soit dans le cadre de l’enseignement du Français ou dans l’Education aux Médias et à l’Information. Les réseaux sociaux ont envahi nos salles de classe et nos CDI, et sont devenus outil et objet d’apprentissage. Les utilisations de Twitter en classe sont de plus en plus nombreuses. Preuve en est avec d’autres projets qui ont vu le jour, qu’il s’agisse des twittclasse qui existent maintenant dans plusieurs établissements ou encore plus récemment le dispositif twittconte qui se propose de doter les personnages de conte d’un smartphone et d’un compte twitter.
Pour en savoir plus…
Le site officiel de la twictée http://www.twictee.org
Suivre la team Twictée sur twitter @TwicteeOfficiel et sur Facebook https://www.facebook.com/twictee/
Suivre les deux classes participant à l’aventure Twictée :
@Francais6e6 pour les 6°6 du Collège Le Caousou à Toulouse
@sttheo33 et @sttheo32 pour les 3° du Collège Saint Théodard à Montauban
Muriel Almayrac et Sandrine Geoffroy
@murieldoc et @GeoffroySAnd